5ème dimanche de Pâques

            

Dans l’Évangile d’aujourd’hui, Dieu se présente comme la vigne et nous sommes les boutures.  Coupé de Dieu, nous devenons stériles, vides, desséchés. Que pouvons-nous donc faire sans Dieu ?  Que pouvons-nous faire sans entrer en relation ? Que pouvons-nous être sans prendre racine pour que la vigne porte du fruit ?  Une fois bien enracinés, les rameaux de la vigne dépendent d’une taille appropriée pour produire du fruit en abondance. Ainsi, c’est par fidélité à la Parole de Dieu que nous devons faire les choix qui donnent du sens à notre vie. Sa Parole est la référence qui purifie notre vie pour que nous restions bien greffés sur le cep. Jésus ne peut être vraiment porteur de vie que si nous, chrétiens, sommes des porteurs de vie à notre tour. Dieu nous rend efficaces par son Esprit. C’est la sève qui monte du cep vers les sarments et qui permet aux fruits de se gorger de la vie nouvelle.

La première lecture nous montre l'efficacité d’une action pastorale bien enracinée. Barnabé constata la peur des disciples par rapport à Saul de Tarse, le nouveau converti sur le chemin de Damas. Barnabé rassure ses pairs en leur racontant toute la transformation qui s'est opérée, grâce à Dieu, dans la vie de Paul. Nous connaissons bien avec passion et zèle Paul ira partout dans le monde gréco-romain pour prêcher Jésus ressuscité. Les païens, une bouture sur la vigne d’Israël, allaient comprendre qu’eux aussi étaient enfants de Dieu. 

L’Évangile nous dit que nous sommes tous de la même famille, mais une famille n’est pas toujours centrée sur l’essentiel.  Le monde nous offre des réalités beaucoup plus immédiates et apparemment attrayantes que le Royaume de Dieu. Le quotidien nous fait oublier l'essentiel. Être bien enracinés nous aide à nous remettre en cause, à être critique, à rejeter ce qui est malsain dans nos vies, à refuser ce qui n’est pas porteur d’espérance. Sachons gardons ce qui est porteur de fruits et de rejetons le reste.  « Demeure en moi », nous dit Jésus. Avec les sarments qui sont tout secs et qui ne laissaient plus passer la sève, le mieux à faire est de les brûler au plus vite. Ainsi en va-t-il dans chacune de nos vies. Nous y trouvons toujours des attitudes, des choix, qui ont été stériles pour notre foi et desséchants pour notre cœur. De temps à autre nous en faisons un tas de ces obstacles à la vraie vie, puis, sous le regard de Dieu, et nous le brûlons au grand feu de sa miséricorde.

Jésus nous ramène à l'essentiel. Restons attentifs à la présence de la sève de Dieu en nous. Si nous sentons nos sarments encombrés ou paresseux, appelons le Vigneron. Restons avec Dieu, demeure en Dieu, prenons racine en Dieu.  Nous pourrons vivre et porter du fruit. La récolte viendra.

 




Homélie de Mgr Hubert HERBRETEAU pour l’Ascension à la basilique Notre Dame à Bon Encontre, le jeudi 26 mai 2022 Ac 1, 1-11 ; Ps 46 ; He 9, 24-28 et 10.19-23 ; Lc 24, 46-53

 

Chers amis, frères et sœurs, La fête de l’Ascension du Christ est intimement liée à celle de la résurrection. Pour nous chrétiens, ces deux fêtes nous conduisent à rendre témoignage de Jésus ressuscité avec fierté, ferveur, joie profonde. Nous ne sommes pas abandonnés au bord de la route. Dans notre monde si troublé par toutes sortes de crises (sanitaire, économique, sociale, écologique, politique), Jésus reste présent et nous promet l’Esprit Saint, comme aux apôtres : « Vous allez recevoir une force quand le Saint Esprit viendra sur vous ; vous serez alors mes témoins (…) jusqu’aux extrémités de la terre. » Avons-nous conscience de cette force, de cet envoi en mission, de cette assurance ? De quoi devons-nous témoigner dans la société, en tant que chrétien ? Je voudrais souligner trois attitudes chrétiennes : la paix, le bon plaisir de la Vierge Marie (en particulier en récitant le chapelet), l’espérance.

 

Je vous donne ma paix

La paix tout d’abord. Dans les évangiles, à la résurrection, Jésus dit à ses apôtres : « Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix » Notons le possessif : « Ma paix » ! C’est la paix du Christ qui nous est offerte. De quelle manière la recevons-nous et en vivons-nous ? Je suis étonné qu’en ce moment l’expression employée abondamment par les médias est « gagner la guerre ». Qui de Poutine ou de l’Ukraine va gagner la guerre ? Ne devrait-on pas plutôt se demander : « Qui va gagner la paix ? » Entrer en guerre conduit à énumérer les engins de guerre ou les formes de guerres : chars, missiles, armes chimiques, guerre nucléaire… Entrer en paix suppose une spiritualité de la paix, une éducation à la paix. Cette seconde expression a de la peine à convaincre. Jésus nous donne sa paix. Il se présente à ses apôtres à la Résurrection en disant : « La paix soit avec vous !  »

 

Entrer en guerre conduit à énumérer les engins de guerre ou les formes de guerres : chars, missiles, armes chimiques, guerre nucléaire… Entrer en paix suppose une spiritualité de la paix, une éducation à la paix. Cette seconde expression a de la peine à convaincre. Jésus nous donne sa paix. Il se présente à ses apôtres à la Résurrection en disant : « La paix soit avec vous ! » C’est à la fois un constat et un souhait. Jésus avait auparavant prononcé la Béatitude : « Heureux les artisans de paix ! » Béatitude à mettre en relation avec les autres Béatitudes : « Heureux les pauvres de cœur » ; Heureux les doux ! » ; « Heureux les assoiffés de justice » ; « Heureux les miséricordieux ».

 

Faire ce qui plaît à la Vierge Marie

La fête de l’Ascension est célébrée au moment où commencent les premières chaleurs et où la nature végétale se déploie pour le plaisir de nos yeux. Je pense à un dicton parmi les plus connus et que l’on se transmet de génération en génération : « En avril, ne te découvre pas d’un fil. En mai, fais ce qu’il te plaît ». Ce dicton fait partie d’une famille de dictons concernant la météo, en bonne compagnie avec celui de la pluie de la saint Médard. On cite aussi : « Quand le merle chante en mai, avril est fini ». Les saints de glace : saint Servais, Mamert et Pancrace, fêtés le 13 mai, sont également incontournables. « En avril, ne te découvre pas d’un fil. En mai fais ce qu’il te plaît » est un dicton qui invite à la prudence compte tenu du caractère imprévisible du climat. Ce dicton signifie que nous ne sommes pas totalement à l’abri des gelées et des intempéries, en avril et au début de mai. À partir des saints de glace, le 13 mai, il est devenu possible de faire ce qu’il nous plaît, conformément au dicton. Pour ceux qui aiment et vénèrent la Vierge Marie, la date du 13 mai n’est pas non plus une date comme une autre : c’est le jour que choisit la Mère de Dieu pour rendre visite à Fatima, au Portugal, en 1917, au moment de la première guerre mondiale. Marie, dans ses apparitions à trois petits bergers, insiste beaucoup sur la prière du chapelet. La 1ère apparition ne fait pas exception. En effet, la belle dame leur commande : « Dites un chapelet tous les jours pour obtenir la paix du monde et la fin de la guerre. » Prier pour la paix, c’est la volonté de la Vierge Marie. La demande de la Vierge Marie de prier pour la paix n’est pas une option. Les petits bergers vont comprendre tout de suite et vivre un chemin de prière et de pénitence qui est un véritable exemple pour nous. Nous voyons bien que les enfants de Fatima, bien jeunes encore, vont changer de vie pour plaire à la Vierge et ajuster leur volonté à celle de Dieu. Désormais, ils ne vont pas faire ce qui leur plaît, mais ce qui plaît, à elle, qui est au ciel. Nous pourrions nous aussi modifier quelque peu le dicton. Ce n’est plus « En mai, fais ce qu’il te plaît, » mais « En mai, fait ce qui lui plaît, à Elle, la Vierge Marie ! En mai, fais ce qui lui plaît est le dicton que nous devons suivre en ce mois de pèlerinage.

 

L’espérance chrétienne

Message de paix, désir de faire ce qui plaît à la Vierge Marie, et aussi attitude d’espérance. Voilà la grande affirmation de cette fête de l’Ascension, au moment où Jésus quitte ses Apôtres. Pour nous, les chrétiens ce qui nous fonde notre espérance c’est la promesse de Jésus de rester présent au cœur de nos vies, de nos choix et de nos décisions. Il est significatif de constater que Jésus s’adresse à ses Apôtres, au moment de l’Ascension, en les invitant à la patience. Cela se passe au cours d’un repas en mémoire de Jésus ressuscité, au cours de l’Eucharistie. Jésus donne l’ordre à ses apôtres de ne pas quitter Jérusalem et d’y attendre que s’accomplisse la promesse du Père. Cette, promesse, c’est l’envoi de l’Esprit Saint : « Moi je vais envoyer sur vous ce que mon Père a promis. » Au cours du repas eucharistique où le Christ se donne à nous, en ce jour de l’Ascension, redisons que le monde est grand parce que c’est le monde que Dieu aime. Nous sommes invités à en témoigner chaque jour davantage. Comme vous tous, je suis préoccupé par la guerre en Ukraine. Il est question de guerre nucléaire, de guerre mondiale. Je vous invite à prier pour la paix dans notre Europe et ailleurs dans d’autres pays du monde (Mali, Birmanie, etc.). La paix commence chez nous par des petits gestes vis-à-vis de nos voisins, au sein de nos familles. Le Christ est notre paix. Cette paix que nous demandons dans la liturgie est don de Dieu. Amen. 

 

Mgr Hubert HERBRETEAU Basilique Notre Dame à Bon Encontre, le jeudi 26 mai 2022